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Bienvenue à la 56e Biennale d’art contemporain de Venise, laquelle est placée cette année sous le signe de la nature, des arbres et des bons sentiments écologiques – du moins dans les pavillons nationaux. Car, plus que jamais, ce sont plusieurs biennales réunies en une, longue addition d’expositions nationales – il y en a quatre-vingt-neuf en tout, jusque dans le salon d’arrivée de l’aéroport – et d’événements collatéraux de tous genres, collectifs ou individuels, actuels ou plus historiques – une cinquantaine répartis, là encore, partout dans la ville. Le visiteur consciencieux est, en fin de journée, un piéton fatigué.

Dans les Giardini comme à l’Arsenal, qui sont les sites essentiels de la manifestation, il y a clairement deux biennales distinctes : d’une part, les représentations des Etats, choisis par chacun d’eux, de façon plus ou moins judicieuse, selon des impératifs locaux, sans concertation entre les pays ni avec les organisateurs. Et, d’autre part, il y a, aux Giardini, le pavillon international et, à l’Arsenal, la première moitié du parcours, qui ont été tous deux conçus par le commissaire général de cette édition, Okwui Enwezor. Ce dernier, que l’on a vu au travail à Cassel lors de la Documenta 2002 et lors de la Triennale de Paris en 2012, pour ne citer que deux de ses réalisations, a pour habitude de construire ses expositions, de les vouloir cohérentes, de ménager des corrélations entre les œuvres et, mérite tout aussi précieux, de savoir les disposer dans l’espace.

Aussi, à l’Arsenal, la différence est-elle flagrante entre son exposition et ce qui suit, un chapelet de représentations nationales hétéroclites où le meilleur – Sarkis pour la Turquie – côtoie le moins bon, les Emirats arabes unis ou le Saint-Siège, par exemple. La partie réalisée par Owkui Enwezor est l’une des réussites les plus convaincantes qu’il nous ait été de voir dans ces lieux qui ne sont guère commodes en raison de leurs dimensions colossales et des colonnes de briques qui s’y alignent. De ces difficultés, il tire parti en faisant alterner larges espaces et salles plus réduites, en exigeant du visiteur qu’il revienne parfois sur ses pas, s’engage dans des recoins, demeure à tout instant attentif.

L’idée générale est affirmée dès l’entrée, qui associe les mots écrits en néon de Bruce Nauman – « War », « Death », « Pain » – aux buissons de couteaux d’Adel Abdessemed. Elle est tenue jusqu’à l’épilogue : les huit toiles de Georg Baselitz, nus masculins de près de cinq mètres de haut chacun, devant lesquels il est difficile de retenir le mot si galvaudé de chef-d’œuvre. Et, juste derrière, les photographies du groupe nigérian Invisible Borders, qui, depuis 2009, écrit l’histoire de l’Afrique sub-saharienne, de ses frontières, de ses luttes. Enwezor est né au Nigeria et la géopolitique est la notion centrale qui structure son projet. Elle se lit sur des cartes, telles celles que dessine la Vietnamienne Tiffany Chung, et avec des armes féroces, comme en imagine Abu Bakarr Mansaray, né en Sierra Leone. Elle produit des désastres, comme ceux à partir desquels le Chinois Cao Fei fabrique des diaporamas miniatures effrayants. Tampons géants de Barthélémy Toguo ; dessins objectifs de Massinissa Selmani qui tous deux vivent tantôt en France, tantôt dans leur pays natal, Cameroun pour l’un et Algérie pour l’autre ; assemblages de tissus noués de la Brésilienne Sonia Gomes : ce ne sont que quelques exemples de l’ampleur de l’exposition, si dense qu’il faudra en reparler. Placée sous le signe de la nature, des arbres et des bons sentiments écologiques, la 56e Biennale de Venise regroupe expositions nationales et événements collatéraux

Ces qualités se retrouvent dans le pavillon international, où Enwezor réunit les cautions historiques de sa vision de l’art : Walker Evans, Marcel Broodthaers, Robert Smithson, Fabio Mauri, Christian Boltanski, Chris Marker, Hans Haacke. Les côtoient la Péruvienne Teresa Burga, le Japonais Tetsuya Ishida, le Britannique Jeremy Deller. Ce qu’ils ont en commun ? L’absence d’illusions et la volonté acharnée de donner une forme visuelle irréfutable à ce qu’ils savent du monde contemporain. A bien des égards, Enwezor dresse un acte d’accusation : biennale politique – mais pas forcément bien-pensante, comme en témoigne la présence à l’Arsenal du Turc Kutlug Ataman, dont les déclarations publiques contre les révoltés du parc Gezi en août 2013, au moment où les intellectuels et journalistes laïques étaient emprisonnés, restent dans les mémoires. Biennale sombre. On voit mal comment, dans les circonstances actuelles, il pourrait en être autrement. Déploration et exaltation

Sur ce constat, la plupart des artistes invités des pavillons nationaux sont d’accord. En témoigne, dans le pavillon serbe, Ivan Grubanov : son installation intitulée United Dead Nations est constituée d’amas de drapeaux décatis et froissés, posés au sol, qui tous ont un jour symbolisé un pays aujourd’hui disparu : la Yougoslavie (1918-2003), l’Empire austro-hongrois (1867-1918) ou la RDA (1949-1990), on en oublie et lui aussi. S’il y a des pays qui n’existent plus, on en découvre, plus poétiques puisque personne n’est mort pour eux, d’autres qui n’existent pas. Le jeune commissaire d’exposition Dimitri Ozerkov consacre ainsi un pavillon à la Tellurie, une nation fictive inspirée d’un roman de Vladimir Sorokine, qui n’est pas l’écrivain le mieux aimé des autorités russes actuelles. Le pavillon allemand, occupé par un collectif, entend dénoncer l’économie souterraine, ce qui en Italie en général et à Venise en particulier prête à sourire. Sauf que, plastiquement, c’est indigent : un labyrinthe conçu par des calvinistes, avec trois travailleurs cachés sur le toit, et donc invisibles des visiteurs, sauf quand ils leur balancent des boomerangs fabriqués par eux-mêmes. On n’en a pas vu voler.


On a vu, à l’inverse, léviter et se déplacer lentement les pins – et leurs grosses mottes de terre rouge – qui sont les héros de l’installation du Français Céleste Boursier-Mougenot, techniquement irréprochable. De façon probablement fortuite, elle rejoint ce qui apparaît vite comme l’une des thématiques des pavillons, la déploration des désastres que l’homme inflige à la nature et l’exaltation de celle-ci du temps où elle était vierge.

L’Américaine Joan Jonas veut inciter – vidéos et installations à l’appui – à renouer avec le monde animal. Le pavillon des îles Tuvalu déplore la montée des eaux en forçant le visiteur à mouiller ses chaussures. Le Néerlandais Herman de Vries fait avec élégance l’éloge des pierres, des végétaux, des roses de Damas et de l’eau pure. Autriche, Corée du Sud, Grèce : les uns dénoncent la fin du monde ancien, les autres la venue d’un nouveau monde d’androïdes. Avec d’excellentes raisons, chaque fois, mais en abusant souvent du documentaire passablement ennuyeux ou du symbolique excessivement appuyé. A la longue, ces bons sentiments finissent par lasser et la vulgarité délibérément et joyeusement obscène de Sarah Lucas en devient soudain plus pertinente – plus réjouissante.

France[]

Le plasticien et musicien Céleste Boursier-Mougenot a finalement été préféré à Tatiana Trouvé pour représenter la France à la 56e Biennale d'art de Venise à l'été 2015, a annoncé mardi 20 mai l'Institut français par communiqué.

Pour la première fois depuis la participation française à la Biennale d'art de Venise, l'Institut français, opérateur du Pavillon français, en collaboration avec le ministère des affaires étrangères et celui de la culture et de la communication, avait lancé le 28 janvier un appel à projets. Parmi les trente-cinq binômes artiste-commissaire reçus, deux propositions avaient été retenues le 20 mars : celle de Tatiana Trouvé, avec le philosophe Elie During comme commissaire, et celle de Céleste Boursier-Mougenot avec Emma Lavigne, conservatrice au Musée national d'art moderne-Centre Pompidou, dont le projet s'intitule « Rêvolution ».

La décision a été prise par Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, et Aurélie Filippetti, ministre de la culture, sur proposition du comité de sélection, qui s'est réuni mardi après-midi. Ce comité est composé de dix personnes. Quatre sont des membres institutionnels : deux représentants du Quai d'Orsay et de l'Institut français, dont l'ancien ministre Xavier Darcos, président exécutif de l'Institut, et deux représentants de la Rue de Valois et de ses opérateurs, dont Jean de Loisy, président du Palais de Tokyo. Les six autres sont des membres extérieurs, parmi lesquels Jérôme Clément, président du Théâtre du Châtelet et de la maison de ventes Piasa, Sophie Lévy, directrice et conservatrice en chef du LAM, le musée d'art moderne de Villeneuve-d'Ascq, ou François Quintin, directeur délégué de la Fondation d'entreprise Galeries Lafayette.

Né en 1961 à Nice, Céleste Boursier-Mougenot vit et travaille à Sète (Hérault). Après avoir été de 1985 à 1994 le compositeur de la compagnie du metteur en scène Pascal Rambert, ce musicien de formation a orienté son travail vers la création d'installations qu'il qualifie de « vivantes », mais qui sont d'abord de grands moments de poésie. A partir de situations ou d'objets divers, dont il parvient à extraire un potentiel musical, il élabore des dispositifs qui génèrent des formes sonores, la plus célèbre étant celle où des guitares électriques Gibson servent de perchoirs à des dizaines d'oiseaux mandarins. Il est défendu par la galerie Paula Cooper (New York) et Renos Xippas (Paris, Athènes, Genève). Une exposition lui était consacrée jusqu'au début du mois de mai aux Abattoirs de Toulouse.

La plasticienne Tatiana Trouvé, soutenue par les puissantes galeries Gagosian (New York, Londres, Los Angeles et une dizaine d'autres lieux…) et Perrotin (Paris, New York, Hongkong), avait déjà failli être retenue en 2013. Les artistes Xavier Veilhan, Kader Attia, Loris Gréaud ou Michel Blazy figuraient parmi les autres candidats malheureux. Les derniers représentants français à la Biennale étaient Claude Lévêque en 2009, Christian Boltanski en 2011 et Anri Sala en 2013.

Pavillons nationaux remarquables[]

Giardini

  • Espagne : Pepo Salazar
  • Pays-Bas : Herman de Vries
  • USA : Joan Jonas (prix)
  • Danemark : Danh Vo
  • Venezuela : Argelia Bravo
  • Russie : Irina Nakhova
  • Japon : Chiharu Shiota
  • Corée du sud : Moon KyunGwang
  • France : Céleste Boursier-Mougenot
  • Australie : Fiona Hall
  • Roumanie : Adrian Ghenie
  • Pologne : J et J Malinowska
  • Serbie : Ivan Grabanov

Arsenal

  • Argentine , Juan Carlos Distefano
  • Géorgie, Crowling Border
  • Irlande, Sean Lynch
  • Italie, dont Vanessa Beecroft, Mimmo Paladino, Jannis Kounellis, William Kentridge
  • Lettonie
  • Mozambique
  • Turquie, Sarkis, Respiro
  • Tuvalu, un état à fleur d'eau

Autres artistes remarqués:[]

Giardini (Pavillon central)

Arsenal (Corderie)


Collateraux[]

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