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Alors que de nombreux musées en quête d'audience optent pour des expositions monographiques, la Fondazione Prada propose L'image volée jusqu'au 28 août : une exposition plurielle avec - pour seule contrainte - une thématique : le vol et l'art. Les œuvres - de Ingres à Bacon - se confrontent, dialoguent et dévoilent leurs secrets.

John Baldessari, L'image volée, 2015-2016

Tout est dans la nuance En 1988, un minuscule portrait de Francis Bacon – peint par le peintre britannique Lucian Freud – disparaissait lors d'une exposition à la Neue Nationalgalerie de Berlin. Volé. Quelques années plus tard - à la veille d'une rétrospective de l'oeuvre de Freud à la Tate Modern de Londres - plus de 2500 posters furent placardés dans les rues de la capitale allemande, dans l'espoir de retrouver le tableau disparu. Sans succès.

Lucian Freud, Poster, 1988, encre sur papier, MMK Museum fur Moderne Kunt, Frakfurt am Main – Copyright : Fondazione Prada

Les histoires de vol comme celle-ci parsèment et pimentent l'Histoire de l'art. Ce sont elles qui constituent le point de départ de l'exposition L'image volée, imaginée par le curateur et artiste allemand Thomas Demand. Mais plus qu'une encyclopédie d'anecdotes, l'exposition dissèque et décompose les significations même du mot « vol ». Destruction, spoliation, pillage, modification, ré-appropriation ou citation, tout est dans la nuance.


Guillaume Paris, Fountain, 1994, Vidéo permanente (DVD), couleur, son – Copyright : Guillaume Paris

No genius ? Ingres ne s'appropria-t-il pas des canons de beauté de la Renaissance ? Picasso s'est-il libéré de la rigueur de l'angle droit en s'inspirant des formes courbes de Matisse ? Guillaume Paris a-t-il dérobé Pinocchio ? Thomas Demand soutien que « l'acte créatif est inséparable de son contexte et reflète la relation entre l'artiste et le monde qui l'entoure. » Autrement dit, une œuvre d'art ne pourrait pas exister sans échanges et empreints. En déambulant à travers l'espace d'exposition - aux murs colorés, parsemés d'annotations au crayon de papier, ou couverts de papier peint - le spectateur se laissera surprendre par le récit invraisemblable accompagnant l'Autoportrait dit de Raphael, le petit paysage signé Marcel Duchamp, la Joconde à laquelle Picabia aurait oublié d'ajouter une barbichette ou bien encore la série de tableaux chinés d'Asger Jorn. De l'artiste voleur à l'artiste menteur, l'exposition démontre avec humour et force d'exemples que « la ré-appropriation d'images et de formes par un artiste participe au renouvellement de l'art » explique Francesca, étudiante à l'académie de Brera.


Spoliations/Destructions Mais si l'acte de voler régénère l'art, il peut aussi parfois le détruire. Plus dramatique et grave, l'exposition revient également sur les spoliations et destructions pendant la seconde guerre mondiale. Une humble toile du peintre allemand Adolph von Menzel est accrochée seule sur l'un des murs de béton. De larges vides rectangulaires laissent apparaître le bois du panneau sur lequel la toile avait été délicatement collée. L'oeuvre fragmentée - devenue illisible - raconte aujourd'hui une histoire bien différente de celle initialement pensée par le peintre. Une histoire violente et trouble.

L'image volée explore le pouvoir de l'absence, manipule le spectateur, révèle aux yeux de tous des fragments d'une réalité cachée et revisite l'histoire de l'art à grand renfort de petites histoires.

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"Les volées d'image» est une exposition collective organisée par Thomas Demand, hébergée dans un environnement allestitivo conçu par le sculpteur Manfred Pernice. L'exposition occupe deux étages de la galerie nord et du cinéma du bureau de Milan.

"Les volées d'image» comprend plus de 90 œuvres créées par plus de 60 artistes de 1820 à nos jours. Le but de Thomas Demand est d'étudier à travers le spectacle les façons dont nous tous nous faisons appel à des modèles existants et comment les artistes ont toujours fait référence à l'iconographie précédente pour créer leurs propres œuvres. Explorer les limites entre l'originalité, les inventions conceptuelles et la diffusion de copies, «Les images volées" se concentre sur le vol, la notion de l'auteur, l'appropriation et le potentiel créatif de cette recherche.

L'exposition présente trois orientations possibles d'investigation: l'appropriation physique de l'objet ou de son absence, l'image de soustraction par rapport à l'objet plutôt que le béton et enfin l'acte de vol à travers l'image elle-même. L'exposition a été conçue comme une exploration de ces thèmes non conventionnels, abordés en suivant une approche empirique. Plutôt que d'une enquête encyclopédique, «L'image volée" offre une perspective inattendue dans un voyage de découverte et de recherche artistique.

La première section contient des photographies, des peintures et des films dans lesquels l'objet volé ou manquant, souvent une œuvre, devient le sujet d'une nouvelle œuvre d'art. On remarque la plainte encadrée par Maurizio Cattelan - Untitled (1991) - à la suite d'un vol de travail intellectuel, ou Stolen Rug (1969), un tapis persan volé à la demande de Richard Artschwager pour l'exposition "Art par téléphone" à Chicago. Des œuvres évoquent l'absence, le résultat d'un vol, comme la toile de Adolph von Menzel Friedrich der Grosse auf Reisen (1854), mutilé afin d'obtenir de plus petits portraits. D' autres travaux, cependant, sont basés sur un processus de modification œuvre préexistante, comme Richter-Modell (Interconti) (1987), une peinture de Gerhard Richter transformé en une table de Martin Kippenberger et Origami déplié (2016) par Pierre Bismuth qui réalise une nouvelle œuvre de l'affiche originale de Daniel Buren. Ce travail permettra d' approfondir la notion d'auteur contrôle sur leur travail.

'Deuxième partie


Cette section se poursuit avec une série d'œuvres dans lesquelles les artistes empruntent l'élément visuel d'un autre moyen ou de la langue, ou un acte de dé-contextualisation de l'image. Thomas Ruff en jpeg IB01 (2006) modifie une image extraite de la bande, Anri Sala dans Agassi (2006) explore le potentiel du milieu du cinéma pour révéler la dynamique temporelle cachés, Guillaume Paris dans la vidéo Fountain (1994) propose une séquence en boucle courte film d' animation Pinocchio (1940). L'exposition au rez -de- chaussée de la galerie du Nord comprend également des œuvres sculpturales de Henrik Olesen et de nouvelles œuvres de Sara Cwynar, Mathew Hale, Oliver Laric et Elad Lassry.

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