Giulio Paolini plasticien contemporain italien né en 1940 à Gènes
Biographie et œuvre[]
Après une enfance passée à Bergame, sa famille décide de s’installer à Turin en 1952, où il vit toujours. Il y développe un intérêt grandissant pour l’art et effectue ses études à la Giambattista Bodoni State Industrial Technical School of Graphics and Photography dont il sort diplômé en 1959.
Son œuvre a principalement été rattachée au mouvement de l’Arte Povera mais ses préoccupations l’inscrivent également dans la sphère de l'Art conceptuel. À partir de 1962 et plus particulièrement dans sa première exposition personnelle en 1964 à la Galleria la Salita de Rome, il développe une série d'œuvres interrogeant la place du tableau dans l'espace : ses toiles nues ou encastrées les unes dans les autres présentent le « tableau comme image de lui-même ». Et à partir de 1965, Paolini recourt à la photographie, tout autant pour son objectivité que pour la temporalité qu’elle introduit au sein de l’œuvre. Diaframma 8 ou Delfo (toutes deux de 1965), par exemple, mettent en scène l’artiste transportant une peinture dans la rue ou se cachant derrière un châssis.
Au cours des années 1970, il multiplie les références à l’Antiquité classique en mêlant techniques traditionnelles et formats contemporains, installations, performances, mobilier, collages. Le double, la copie et le fragment deviennent chez lui des figures récurrentes, comme en témoignent Early Dynastic (1971), Mimesi (1975-1976), où deux plâtres de Vénus identiques se font face et révèlent l'ambiguïté de la copie ou encore Lo Sguardo della Medusa (1980) qui présente les fragments dispersés d'un buste brisé accompagné d'un schéma, témoignant de son intérêt profond pour la phénoménologie de la perception. À partir d’Exposition universelle (1994-1997) et jusqu’aux années 2000, Paolini axe davantage sa réflexion sur le concept d’exposition et la relation entre le spectateur et l’œuvre dans des installations de plus en plus complexes, et souvent in situ, entre économie minimaliste et aspirations philosophiques héritées de l’Antiquité.
Riche de références aux grands maîtres tels que Raphaël, Velazquez et Ingres , le travail de Paolini est motivé par un désir de recherche sur la nature de l’œuvre d’art et de s’éloigner de son sens traditionnel, en tant que grand habitué des canons classiques. Comme celle de Chirico, son artiste préféré, son œuvre exprime une certaine distance avec les anciens modèles tant aimés. Le miroir, la tautologie et la mise en abîme sont des figures récurrentes de son vocabulaire visuel. Celui-ci s’est consolidé avec la découverte des œuvres littéraires de Jorge Luis Borges et de son ami Italo Calvino, qui lui ont permis d’interroger le rapport entre l’objet représenté, sa représentation, le spectateur et l’acte de vision lui-même.
Dès 1987, la réflexion de Paolini s’étend à « l’acte même d’exposer ». Cela signifie que exposer devient « l’œuvre qui comprend les œuvres », et pendant toutes les années 1990 les expositions de l’artiste deviennent de plus en plus complexes, guidées par de multiples critères, et plongeant le spectateur dans un état de suspension et d’attente pérenne.
Au cours des années 2000, Paolini introduit le thème de l’identité de l’artiste et de sa relation avec les œuvres et la création. En employant un vaste répertoire de techniques, l’artiste poursuit l’édification d’une grande méditation sur l’art et sur son temps en dehors du temps.
En 2022, il reçoit le prix Praemium Imperiale de Sculpture de la Japan Art Association
Expositions (sélection)[]
- 1964 : La Salita, Rome
- 1970 : Elegia, première participation à la Biennale de Venise
- 1972 : Galerie Sonnabend, New-York
- 1976 : Galerie Yvon Lambert, Paris
- 1983 : « Best Of », Le Consortium, Dijon
- 2006 : Galerie Marian Goodman, Paris
- 2009 : Vingt ans après le bicentenaire de la Révolution, musée de la Révolution française
- 2013 : Prima Materia, Punta della Dogana, Venise
- 2024 : Arte Povera Collection Pinault Paris
Galerie[]
œuvres de 1970
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Au fond à droite L’Esprit de finesse de Giulio Paolini,