Les voyages de Nezumi Wiki
S'inscrire
Advertisement

L'Été meurtrier est un film français réalisé par Jean Becker et sorti en 1983,

Le film reçut quatre César, dont ceux du meilleur scénario et de la meilleure actrice.

Synopsis[]

Dans un petit village provençal, Eliane , surnommée "Elle" et âgée de 20 ans, affole tous les hommes par sa beauté sauvage, ses tenues provocantes et sa réputation de fille facile. Sa mère, allemande, est à l'inverse plus que réservée, vivant avec son mari paralysé. "Pin Pon" , garagiste qui doit son sobriquet à son activité annexe de pompier volontaire, vit avec sa mère, ses deux frères Mickey et Boubou et sa tante sourde comme un pot . Il tombe amoureux d'Eliane. Elle commence à s'intéresser à lui après avoir appris qu'il avait dans sa grange un piano mécanique. Ils nouent une liaison, elle s'installe dans sa famille malgré l'hostilité de la mère de Pin Pon, puis se marient.

En fait elle questionne sans relâche sa mère pour en savoir plus, car elle est née d'un viol commis par trois inconnus dans les années 50 et veut les retrouver pour faire justice à sa mère. Elle va utiliser toutes les ruses pour assouvir cette vengeance pour apprendre à la fin que ses efforts étaient inutiles.

Critique[]

Le scénario adapté et dialogué d'après le roman de Sébastien Japrisot par l'auteur lui-même est le premier atout de ce film. Reposant sur une histoire de vengeance construite sur une logique de suspense, il se déroule sans faille, faisant alterner les points de vue selon les personnages et par le biais de leurs commentaires en voix off.

D'abord Pin Pon qui initialise le film pendant la première demi-heure et nous fait découvrir Eliane de l'extérieur, objet sexuel fantasmé mais aussi personnalité insaisissable. Ne pouvant plus se séparer d'elle "car elle donnait à la vie des coups d'accélérateurs comme il n'en connaissait pas ", on le devine d'entrée piégé par quelque chose qui nous échappe encore. Ce quelque chose va commencer à s'éclaircir lorsque le point de vue d'Eliane prend le relais, nous informant alors de son désir de vengeance.

Le film change de ton, devient plus étrange et trouble, à l'image des rapports de la jeune femme avec sa mère. La personnalité d'Eliane s'éclaire aussi d'un nouveau jour, même si les zones d'ombres persistent. « Elle » n’est pas simplement venue se venger, elle est aussi venue soigner une blessure qu’elle entretient constamment en forçant sa mère à lui raconter le passé. Une douleur ouverte et ré ouverte sans cesse pour mieux laisser la haine prendre une importance et ainsi faire s’abattre sur ceux, qu’elle juge responsable, un flot de feu venu du fond des ténèbres.

Après la décision de Pin Pon d'épouser Eliane, qui se prétend enceinte, une troisième voix prend le relais: celle de la mère d'"Elle", surnommée dans le village "Eva Braun" de par sa nationalité. C'est elle qui nous apprend que 20 ans auparavant, lors d'une absence de son mari, elle fut sauvagement agressée et violée par trois individus qui ramenaient un piano mécanique chez le père de Pin Pon. La quatrième participante au quatuor sera Cognata, la tante sourde de Pin Pon qu'une certaine complicité lie à Eliane.

D’une mise en scène résolument efficace, « L’été meurtrier », ne laisse personne indifférent. Les plans se veulent volontairement subjectifs pour mieux entraîner les spectateurs dans les méandres du personnage. Et ainsi les laisser se faire prendre au piège tout en assistant à une vengeance qui se voulait implacable, mais qui se révèlera plus douloureuse que salvatrice. Jean Becker signait là son grand retour après près de 20 de silence. La mise en scène se révèle à l’image de son histoire, à savoir un subtil mélange de scènes douce et pudiques ou particulièrement dures et crues. Sa caméra se fait tantôt le témoin impassible d’une cruauté implacable, tantôt le doigt du peintre qui magnifie la superbe plastique d’Isabelle Adjani. Sans jamais sombrer dans la caricature, il nous offre un film tendre et violent, dont les couleurs contrastent avec la froideur de son sujet.

Ce film est des meilleurs d'Isabelle Adjani qui remporta à cette occasion le deuxième de ses 4 Césars et glana ses galons de super-star du cinéma français. A l'opposé de tout ce qu'elle avait interprété jusque là, avec un look "gitanisé", chevelure bouclée noir corbeau tranchant avec l'azur de ses yeux, elle vogue sur la crête de l'érotisme vulgaire, n'hésitant pas à en rajouter dans la sensualité et l'agressivité. Mais elle sait aussi montrer à merveille d'autres aspects de son personnage: fragilité, naïveté ou don de la manipulation, caractère changeant. Les scènes où elle s'expose sans voiles, non seulement sont nombreuses, mais ont aussi contribué au succès du film, sa plastique impeccable n'ayant laissé aucun spectateur insensible. Mais ce sont bien ses talents d'actrice, au-delà de sa fulgurante beauté, qui lui ont permis de "marquer" ce film de toute son empreinte…

Il faut souligner la composition criante de vérité et d’une justesse incroyable que nous offre Alain Souchon. Il traîne son personnage, comme un vieux vêtement que l’on se refuse à enlever. Pinpon est devenu sous les traits du chanteur, comme une seconde peau, un clone saisissant. Tout en rêves assumés, et en douceur obligée, Alain prend possession de son personnage et forme avec Isabelle Adjani, l’un des couples marquants du cinéma français. Il faut aussi louer le jeu de Suzanne Flon, justement récompensée elle aussi d'un César, et qui soutient le mieux la comparaison avec les deux personnages principaux.

Distribution[]

  • Isabelle Adjani : Eliane, dite Elle
  • Maïwenn Le Besco : Eliane enfant
  • Alain Souchon : Florimond, dit « Pin Pon »
  • Michel Galabru : Gabriel
  • Suzanne Flon : Cognata
  • Maria Machado : « Eva Braun », mère de « Elle »
  • François Cluzet : Mickey
  • Manuel Gélin : Boubou
  • Jenny Clève : La mère de « Pin Pon »
  • Jean Gaven : Laballech
  • Max Morel : Touret
  • Roger Carel : Henri IV
  • Martin Lamotte : Georges Massigne
  • Édith Scob : La doctoresse
  • Cécile Vassort : Josette
  • Jacques Dynam : Ferraldo
  • Yves Afonso : Rostollan

Fiche technique[]

  • Titre : L'Été meurtrier
  • Réalisation : Jean Becker
  • Scénario : Jean Becker et Sébastien Japrisot (d'après son roman homonyme)
  • Production : Christine Beyout
  • Chef décorateur: Jean-Claude Gallouin
  • Musique : Georges Delerue
  • Photographie : Étienne Becker
  • Montage : Jacques Witta
  • Pays d'origine : France
  • Durée : 130 minutes
  • Date de sortie : 11 mai 1983

Le film a remporté 4 Césars: César de la meilleure actrice (Isabelle Adjani), César de la meilleure actrice dans un second rôle (Suzanne Flon), Meilleure Adaptation (Sébastien Japrisot, d'après son propre roman), Meilleur montage.



Retrouvez tous les détails techniques sur la fiche IMDB



From Film Wiki, a Wikia wiki.
Advertisement