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Les Enfants du marais, film français réalisé par Jean Becker en 1999.

Analyse[]

L'histoire débute vers 1930, dans les marais de la Dombe. Garris, un ancien soldat plein d'espoir et de dynamisme, conserve au fond de lui les cicatrices de la « sale guerre ». Il tombe amoureux de Marie, une domestique, qui déménage avant le début de leur relation.

Riton, un homme de condition modeste ayant un penchant pour le vin et la paresse, vit dans le « marais », une cabane près d'un étang, avec ses trois enfants, deux garçons et une fille, Cricri, amoureuse de Pierrot, petit fils de Pépé, et regrette sa femme Pamela qui l'a quitté.

Jean Becker nous fait partager la joie, les peines, d'une poignée de personnages chaleureux. Il réalise un film sur l'amitié, sur les joie de la communauté, le bonheur d'une partie de pêche sous le soleil de mai, d'un apéritif que l'on offre, d'un repas que l'on partage. Il le fait avec un plaisir qu'il sait faire partager.

Jean Becker filme simplement, dans une belle lumière. Il propose des rôles solides à ses acteurs, il filme une histoire, un scénario parfaitement adapté par Sébastien Japrisot. Il cherche à faire plaisir au spectateur, sans se préoccuper de laisser un message, si ce n'est que l'on est bien avec ses amis, dans ses racines. Jean Becker est un cinéaste populaire, dans l'acceptation noble du sens. Il cherche à donner du plaisir.

Les Enfants du marais est un film de souvenirs. Souvenirs de l'enfance de l'entre deux guerre, d'une dame aujourd'hui grand mère. L'histoire ne tourne pourtant pas autour de Cri-Cri, la petite fille, mais autour des adultes qui vivent à ses côtés.

La vie du marais est simple. La seule richesse est le quotidien. Le seul souci, avoir suffisamment de nourriture pour vivre. Et le marais, don de la nature, regorge de nourriture. On vend un peu de l'excédent (grenouilles, escargots) pour s'offrir le nécessaire, parfois un petit superflu (le chapeau). On y vit simplement, on a le temps. Les gens se parlent, rient, se disputent de temps en temps, se battent rarement. Il y a bien quelques peines, de grosses peines même, mais elles sont vite oubliées. Dans nos souvenirs, nous avons plutôt tendance à garder les meilleurs moments, et oublier les mauvais.

Comme à son habitude, les personnages de Becker portent en eux de lourds secrets. Mais il ne s'agit pas cette fois-ci du sujet du film. Ils vivent avec leurs déchirures, mais nous demandent pas de les supporter. Ce sont des secrets d'enfants. Le cinéaste filme des hommes (et des femmes) enfants.

L'épicentre du film est le marais, un endroit splendide où l'on rêve d'aller faire un pique-nique un beau jour de printemps. Le marais symbolise nos racines, celles que chacun porte en lui. Et le marais joue un rôle actif. Il tient les hommes, il peut les retenir, les forcer à rester. Comme Garris, qui fuyant une guerre dont il refuse de parler, s'y arrête quelques temps, histoire d'y trouver l'oubli. Mais le miracle n'aura pas lieu, et voyageur infatigable, il cherchera à repartir.

Il y a aussi Jo, boxeur et brute épaisse, que sa violence quotidienne emporte doucement vers la folie. Le marais se saisira de lui, le retenant dans sa boue, lui conférant le calme dont il aspirait. Le marais crée une famille, rappelle ceux qui se sont éloignés de lui (Pépé), mais il leur laisse leur libre arbitre. Au final, il n'empêche personne de le quitter.

Le paradis est un endroit redoutable. C'est beau, ça sent bon, on y est bien, il semble toujours y faire beau. Même lorsqu'il pleut et qu'il fait nuit la lumière est magnifique. Cela ne semble pas réaliste ? C'est pourtant une parfaite représentation du souvenir. Tout comme on efface un peu les mauvais souvenirs, il fait souvent beau dans la mémoire.

Les Enfants du marais est, on l'aura compris, un film sur le souvenir. Il en tire sa force, il prouve que nostalgie ne rime pas avec monotonie, et sa (petite) faiblesse. Celle de la voix off de Suzanne Flon. Elle n'est présente qu'à 4 ou 5 reprises, mais elle rompt le déroulement des scènes, elle rappelle que si ce que l'on voit ne sont que des souvenirs, cela signifie que ce temps, et ces personnages, n'existent plus.

Jean Becker a une qualité rare. Peut-être filme-t-il simplement, mais il aime ses personnages. Il ne les oublie jamais, leur laisse leur chance (au cours d'une simple scène, la mégère de femme de Riton montre qu'elle n'est qu'une femme malheureuse). Jean Becker retrouve la grâce et la simplicité d'un cinéma français un peu oublié, celui de René Clair (14 juillet), de Jacques Becker (Antoine et Antoinette), Julien Duvivier (La fête à Henriette), et Pagnol (Le schpountz).

Les enfants du marais est un coin de ciel bleu, un printemps qui arrive en avance, et de beaux moments de rire et de bonheurs. Il sait parler à chacun d'entre nous, car nous sommes tous les enfants d'un marais.

Distribution[]

  • Jacques Villeret : Henri Pignol, dit Riton
  • Jacques Gamblin : Garris
  • André Dussollier : Amédée
  • Éric Cantona : Jo Sardi
  • Suzanne Flon : Cri Cri âgée
  • Michel Serrault : Hyacinthe Richard, dit Pépé la Rainette
  • Isabelle Carré : Marie
  • Jacques Dufilho : le vieux de la cabane
  • Gisèle Casadesus : Madame Mercier
  • Roland Magdane : Felix
  • Élisabeth Commelin : Marthe
  • Julie Marboeuf : Émilie
  • Jenny Clève : Berthe
  • Philippe Magnan : Laurent
  • Jacques Boudet : Tane, le conducteur du train

Fiche technique[]

  • Titre : Les Enfants du marais
  • Réalisation : Jean Becker
  • Scénario : Sébastien Japrisot, d'après le roman de Georges Montforez
  • Production : Christian Fechner et Hervé Truffaut
  • Musique : Pierre Bachelet
  • Photographie : Jean-Marie Dreujou
  • Montage : Jacques Witta
  • Pays d'origine : France
  • Durée : 115 minutes
  • Date de sortie : 3 mars 1999

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