Marc Devade, né en 1943 et décédé en 1983 était un peintre et écrivain français.
Marc Devade, membre du groupe Supports-Surfaces, membre du Comité de rédaction de Tel Quel, l’un des fondateurs de PEINTURE, cahiers théoriques, décédé avant son 40e anniversaire, a laissé une œuvre importante, exigeante, rigoureuse, réalisée en une quinzaine d’années.
L'intention première de Marc Devade n'était pas de s'adonner à la pratique picturale. D'abord poète, épris de philosophie, c'est à la rencontre de Marcelin Pleynet, qui lui fait publier ses premiers poèmes dans Tel Quel dès 1964, qu'il doit de s'intéresser plus spécifiquement à la peinture. Il devient l'un des principaux animateurs des débats sur les relations entre pratique et théorie dans le domaine des arts plastiques.
Après une première exposition personnelle à la galerie du Haut-Pavé en mars 1970, dans laquelle on perçoit déjà ses préoccupations pour le chromatisme, les leçons de l'abstraction américaine et de la peinture de Matisse, Devade rejoint le groupe Supports-Surfaces et participe à ses expositions et à ses discussions.
A l’écoute des grands écrivains de son temps et de tous les temps, ce n’est que vers la fin de sa vie qu’il a fait retour vers la peinture à l’huile, car auparavant, l’essentiel de son œuvre est faite à l’encre. Cela se passe à la fin des années 70. C’est alors un homme affaibli par des dialyses innombrables.
De lui et de sa dernière période, Marcelin Pleynet dit :
"Ma conviction profonde était, et reste, que chez un artiste pour qui la couleur et l’ordonnance chromatique est importante, voire déterminante, seule l’huile offre vraiment la possibilité de jouer de cette disposition, dans ses transparences et dans la sorte de rapport au temps qu’elle implique.
Je pense que si les oeuvres de Marc témoignent d’une vie présente, c’est que chez les grands artistes, le corps est vécu de façon eurythmique. Le corps est un rythme. Pas seulement chez un peintre, chez un écrivain aussi, le corps est une partition musicale. Le corps au moment de la création est comme le corps au moment de la réalisation amoureuse, sexuelle. Ou c’est le corps d’une brute et ça n’a aucun intérêt, ou c’est en effet un corps vivant et créateur et c’est une partition musicale.
Marc Devade est un homme qui a vécu dans son corps des problèmes très sérieux et qui, en conséquence, a pensé son corps comme personne ne l’a pensé. Chez cette homme, le retour à la peinture à l’huile est implicitement une intelligence de la partition musicale du corps, dans le rapport inconscient que l’artiste entretient avec le temps et, par voie de conséquence, avec la couleur. "