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Mimar Koca Sinan ibn Abd al-Mannan (turc ottoman قوجه معمار سنان آغا ) dit Sinan, ou encore Mimar Sinan (l'architecte Sinan), est né le 15 avril 1489 en Cappadoce, dans le village d'Agirnas proche de Kayseri (Césarée), et mort le 17 juillet 1588 à Istanbul. Sinan est un architecte ottoman d'origine arménienne, créateur de l'architecture classique ottomane, qui intégra les traditions proche-orientales et byzantines.

Biographie[]

Sa famille était chrétienne, presque sûrement grecque. Elle lui a donné une solide éducation, et il fut recruté par le devchirme, sous le règne de Selim Ier, sans doute dès son avènement en 1512, et devint un parfait Ottoman. Le devchirme, la « cueillette » d'enfants non musulmans choisis en fonction des qualités physiques et intellectuelles qui les prédisposaient à devenir soldats et fonctionnaires.

Après de brèves études à l'école des cadets (adjemi oglan), il prend part à la campagne de Belgrade en 1521 où il se fait remarquer en jetant en treize jours un pont sur la rivière Prut, puis un autre sur le Danube. Jamais il n'oubliera qu'il fut un ingénieur et, devenu artiste, il continuera à construire ponts, aqueducs aux environs d'Istanbul (1554-1564), cuisines au palais de Topkapi (après 1574) ou double hammam de la place du Sultan Ahmet (1556-1557). Au cours de nombreux voyages dans les Balkans, à Rhodes, à Corfou, au Proche-Orient arabe, en Autriche peut-être, il acquit une bonne connaissance des arts musulmans et chrétiens.

En 1538, il est nommé architecte en chef de l'Empire, ce qui ne le met pas seulement à la tête d'une corporation de métier mais lui donne l'administration des travaux publics. Il a près de cinquante ans.

Son style[]

Sinan, héritier à la fois des grands bâtisseurs que furent les Turcs seldjoukides aux XIe - XIIe siècles, de l'école de Bursa (XIVe - XVe siècles) et des Byzantins, sous l'influence de la découverte de Sainte-Sophie, cherchera à dépasser ces modèles. On assiste avec lui à l'instauration de nouvelles règles architecturales, qui se traduiront par la transformation progressive du volume cubique en volume hémisphérique taillé en facettes. Au fur et à mesure, dans les nombreuses mosquées qu'il a construites, grâce à un jeu de contre-coupoles de plus en plus sophistiquées, Sinan réussit l’exploit d’obtenir un espace intérieur très lumineux en faisant de plus en plus reculer les colonnes vers la périphérie. L'école d'Istanbul ou sinanienne marque l'apogée de l'architecture ottomane. L'extérieur devient un savant étagement de volumes destinés à créer un effet de silhouette, comme on le voit avec la Süleymanie à Istanbul. À l'intérieur les décors de céramique, géométriques ou floraux deviennent de plus en plus élaborés.

L'importance de Mimar Sinan, architecte impérial qui eut le bonheur de disposer de ressources pratiquement illimitées pour exprimer son talent, provient en premier lieu des essais qu'il a tentés tout au long de sa vie pour s'approcher de la perfection, et des nombreuses innovations qu'il a apportées aux méthodes de construction, et tient, d'autre part, au fait qu'il a, par son génie, porté l'architecture ottomane « classique » à son apogée et considérablement et durablement influencé les architectes qui lui ont succédé, comme Sedefhar Mehmet Ağa, qui fut son élève, et construisit, à la demande du sultan Ahmet Ier, la Mosquée bleue (Sultan Ahmet Camii) en face de Sainte-Sophie entre 1609 et 1616.

Sinan a su allier à la noblesse sereine du classicisme ottoman une imagination créatrice d’une richesse inégalée, qui lui permit de produire, au cours d’une vie presque centenaire qui se déroula sous plusieurs Sultans, un grand nombre de chefs-d’œuvre. Ses travaux sont remarquables pour ce qu'ils amènent à une synthèse de ce qui répond aux besoins de l'époque, tout en s'appuyant sur les expériences du passé. L'architecture ottomane, qui voit s'achever avec lui ce processus de synthèse, est passée ainsi de la phase de recherche à la période classique. L'utilisation simple et claire du dôme, élément le plus important de son architecture monumentale, et du système porteur lié à ce dernier, la transformation du dôme en noyau de l'architecture monumentale est une contribution majeure de l'architecture ottomane à l'architecture mondiale.

Son œuvre[]

Les trois œuvres majeures de Mimar Sinan sont la mosquée Şehzade Mehmet à Istanbul qu'il considérait comme un travail d'apprenti, la mosquée Süleymaniye également à Istanbul qu'il considérait comme un travail de maçon, et la mosquée Selimiye à Edirne qu'il considérait comme un travail de maître maçon.

Sa créativité ne se démentira jamais. Inlassablement, il utilisera toutes les formules ou cherchera des solutions inédites mais refusera ce qui tend à l'effet, ce qui pourrait l'éloigner de son strict classicisme. Ni lui ni ses successeurs ne modifieront par exemple la forme hémisphérique du dôme ou ne le dégageront de la maçonnerie en l'élevant sur un haut tambour. Il ne repoussera aucune leçon du passé avant de l'avoir expérimentée.

Cette liberté d'esprit peut justifier son apparent retour en arrière à la Suleymaniye (1550-1557) où il reprend le plan basilical de Justinien, même s'il le fait, comme on l'a suggéré, pour répondre à la volonté de Soliman le Magnifique, désireux de se poser en nouveau Justinien, de poser son État en successeur de l'Empire romain d'Orient, et de le prouver par la mosquée portant son nom. La Suleymaniye n'est pas pour autant une réplique de Sainte-Sophie. Si le plan est le sien, tout par ailleurs est innovation : la liaison entre les demi-coupoles et la coupole centrale, l'étagement des dômes secondaires, l'aspect pyramidal, les contreforts en retrait, la façade et les murs latéraux composés et puissamment rythmés. Enfermé dans un enclos de 225 mètres sur 150 qui contient aussi les tombeaux du sultan et de son épouse et entouré de bâtiments annexes – écoles, hôpitaux …– formant complexe, kulliye, le sanctuaire élève à plus de 47 mètres un dôme de 26,50 mètres de diamètre et, aux angles de la cour qui le précède, quatre minarets d'une minceur et d'une hauteur encore inégalées : 4 mètres de diamètre et 75 mètres d'élévation.

Avec la prudence qui le caractérise, avant de donner son chef-d'œuvre, la Selimiye d'Edirne (1569-1575), l'un des plus beaux et des plus émouvants monuments du monde et qui mériterait plus de célébrité, Sinan essaie la formule qu'il compte adopter dans deux petites mosquées d'Istanbul, Rustem Pacha (1560) et Sokollu Mehmet Pacha (1571). Il en profite pour s'autoriser à employer un éclatant décor céramique qu'il refuse dans ses grandes mosquées, où l'appareil doit rester nu. À la Selimiye, pour la première fois, un Ottoman ose élever une coupole qui égale celle de Sainte-Sophie (31,28 mètres de diamètre) et employer un procédé qui ne lui doit rien. Au lieu de buter son dôme sur deux ou quatre demi-dômes, il le fait reposer sur une succession de trompes et de voûtes que portent huit piles et il absorbe les poussées par d'élégants contreforts surmontés de pignons coiffés en pyramides. Les quatre minarets, encore plus minces et plus hauts qu'à la Suleymaniye (3,50 mètres de diamètre, 90 mètres de hauteur avec les flèches en éteignoirs), qui ne sont plus situés aux angles de la cour, mais font corps avec la salle de prières, accroissent l'unité et la concentration architecturale.

Au total, au cours de sa longue carrière, Sinan et son équipe ont réalisé plus de 350 constructions :

  • 84 grandes mosquées
  • 52 « mescit » (petites mosquées sans minaret ou salles de prière),
  • 57 « madrasas » (collège de théologie)
  • 7 « darülkurra » (écoles coraniques),
  • 22 mausolées ou turbés,
  • 20 caravansérails
  • 35 palais et manoirs
  • 48 hammams (bains publics et installations thermales),
  • 3 hôpitaux
  • 7 aqueducs
  • 8 ponts

Malgré la longueur exceptionnelle de sa carrière, il est difficile de prétendre que toutes ces constructions ont été programmées et réalisées en totalité par Sinan lui-même. Une partie de celles-ci, dont la plupart se trouvent à Istanbul, ont été réalisées par ses élèves ou par l'organisation des architectes qui lui était liée, et il se contentait de superviser la conception des ouvrages et les travaux. En outre, dans cette liste, sont également recensées les restaurations auxquelles il a participé.

Galerie[]

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