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Periphery of the night', exposition réalisée en 2021, à l'Institut d'art contemporain de Villeurbanne, par Apichatpong Weerasethakul

Commissariat : Nathalie Ergino, assistée de Elli Humbert

Propos

Jalonnée de chambres obscures et composée d’une vingtaine d’œuvres, dont des pièces inédites, l’exposition multiplie les supports et les dispositifs de projection. Porté par le rythme envoûtant des vidéos, leurs jeux d’ombres et de lumières, le tissu sonore pénétrant qui les accompagne, le visiteur est invité à circuler de l’une à l’autre à la lisière entre la veille et le sommeil. C’est cette lisière, cette « périphérie » nocturne que l’artiste explore. La périphérie de la nuit est un espace-temps distinct et pourtant à portée de main. La beauté plastique, objet du regard, est prolongée par un sens poétique plus large, qui touche notamment au langage, cette tendance littéraire à la métaphore imprègne ses œuvres, de l’intérieur comme de l’extérieur. L’artiste accompagne régulièrement ses vidéos de poèmes ou de récits allégoriques.

La mise en espace de son travail met en valeur les couleurs, les micromouvements, la lumière et les sensations qui animent ses vidéos. Le spectateur expérimente cette forme élargie de l’attention, à la fois aiguë et délicate, que l’artiste accorde à ses proches et à son lieu de vie, saisissant parmi des fragments de quotidien une beauté étrange, parfois comique ou dérangeante.

Ses « journaux vidéo », réalisés avec la petite caméra qu’il garde constamment près de lui, témoignent d’une empathie vibrante qui pénètre tout ce qu’elle touche, jusqu’à rendre confuses les limites entre ce qui relève de soi et de l’autre. On y rencontre celles et ceux qui l’entourent, amis humains et animaux, on y retrouve des visages familiers (Sakda Kaewbuadee, Jenjira Pongpas-Widner), les comédiens croisés dans ses longs métrages, à peine dissimulés sous le masque de personnages de fiction.

La douceur incomparable du regard qu’il livre sur ces êtres coexiste avec l’amertume liée à la situation politique thaïlandaise, évoquée explicitement au détour de plusieurs vidéos. Mais au-delà des références au pouvoir et à l’armée, c’est au cœur de sa quête perceptuelle que s’enracine le geste politique d’Apichatpong Weerasethakul, pour lui, la caméra est capable de mettre au jour, en effleurant le réel, une communauté invisible, le réseau des forces qui courent entre les êtres et les choses, entre les différentes formes de vie, animales, végétales, spectrales. Dotée de cette capacité à sonder et à faire émerger l’invisible, l’image en mouvement apparaît comme le refuge des liens secrets, un sanctuaire fragile qu’il s’agit de préserver des agressions extérieures. Les corps assoupis qui peuplent les vidéos de l’exposition seraient les gardiens de cette mémoire virtuelle, basculant de rêve en rêve pour échanger leur savoir et entretenir sa vitalité.

Periphery of the Night engage le visiteur dans des pistes rêveuses, qui s’incarnent dans une vaste galerie de rythmes et d’énergies, parfois très éloignés du calme diffus et de la langueur caractéristique de ses films de cinéma. Au moyen de dispositifs singuliers (rétroprojection, projections suspendues, filtres holographiques), il s’agit de modifier notre horloge biologique, au point de nous faire éprouver d’autres cadences et de nous transformer, aussi soudainement et discrètement que change l’atmosphère, lorsque la lumière s’évanouit au gré d’un mouvement de rideau, d’une brise à travers les arbres, ou lorsque le soleil bascule de l’autre côté de l’horizon.

Les vidéos

  • Power Boy (Villeurbanne), 2021
  • Haiku, 2009 Vidéo monocanal HD, couleur, stéréo, 2 min
  • The Palace, 2007, 2 vidéos digitales, couleur, muet, 4 min 03 s
  • Sakda (Rousseau), 2012 Vidéo HD, couleur, 5 min 30 s
  • Blue, 2018 Vidéo HD, couleur, audio 5.1, 12 min 16 s
  • Ashes, 2012 Vidéo digitale HD, couleur, stéréo, 20 min 18 s
  • Invisibility, 2016 Vidéo 2 canaux synchronisés, noir et blanc, muet, 12 min 29 s
  • Fiction, 2018 Vidéo monocanal HD, rétroprojection sur verre avec film holographique, couleur, muet,
  • Phantoms of Nabua, 2009 Vidéo monocanal, couleur, Dolby 5.1, 9 min 45 s
  • Fireworks (Archives), 2014 Vidéo monocanal digitale HD, rétroprojection sur verre avec film holographique, couleur, Dolby 5.1, 6 min 40 s
  • Ghost of Asia, 2005 Vidéo digitale co-réalisée avec Christelle Lheureux, couleur, Dolby 5.1, 9 min 11 s
  • Durmiente, 2021, Vidéo monocanal HD, couleur, muet, 11 min 03 s
  • async - first light, 2017 Vidéo monocanal HD, couleur, Dolby 5.1, 11 min 03, musique par Ryuichi Sakamoto, poème d’Arséni Tarkovski lu par David Sylvian
  • Teem, 2007 Vidéo digitale, couleur, muet, 9 min 53 s / 2

Galerie

http://nezumi.dumousseaux.free.fr/wiki/images/Nabua.jpg
Phantoms of Nabua, 2009


api991.JPG
Fiction , 2018

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Ghost teen Primitive Project, 2009

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Sadka (Rousseau) , 2012

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Ghosts of Asia 2005

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