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Playtime est un film franco-italien réalisé par Jacques Tati, tourné entre 1964 et 1967 et sorti en 1967.

Analyse critique[]

Playtime est organisé en six séquences, reliées entre elles grâce à l'utilisation de deux personnages qui se croiseront au cours du récit : Barbara, une jeune touriste américaine en visite à Paris et Monsieur Hulot|M. Hulot, qui a un rendez-vous avec un personnage important. Les séquences sont les suivantes :

  1. À l'aéroport : un groupe de touristes américaines arrive à Orly et découvre un Paris futuriste fait d'immeubles de verre et d'acier, froids et impersonnels.
  2. Les bureaux : M. Hulot attend un rendez-vous important, mais il se perd dans un dédale de bureaux et finit par se retrouver dans une exposition.
  3. L'exposition des inventions : M. Hulot et les touristes américaines découvrent de nouvelles inventions, dont une porte silencieuse et un balai équipé de phares.
  4. Les appartements-vitrine : À la nuit tombée, M. Hulot rencontre un camarade de régiment qui l'invite dans son appartement ultra-moderne.
  5. Le Royal Garden : M. Hulot, qui a échappé à son ami, se retrouve à l'inauguration du restaurant Royal Garden en compagnie des touristes américaines. Mais les travaux sont à peine finis et le club de nuit chic connaît quelques problèmes de mise au point. Au petit matin, quelques rescapés de la folle nuit, clients et employés, se retrouve dans un drugstore, où des ouvriers viennent prendre leurs premiers cafés.
  6. Le carrousel des voitures : La ville se remet au travail, dans un ballet de voitures, et le car des touristes américaines reprend la route de l'aéroport.

Le film est un véritable laboratoire de rires et de regards, où tout dépend de la capacité de chacun à s’investir, à participer à la création toujours recommencée de l’œuvre. Tati aimait à bousculer le rituel de la séance de cinéma lorsqu’il présentait son film, invitant le public à manifester, discuter, montrer du doigt tel ou tel coin de l’écran où se nichait quelque trouvaille merveilleuse. Moins qu’une tentative de désacralisation, cette requête au public participe d’une stratégie " politicomique " qui traverse de part en part le film et en fait toute la singularité. Playtime est en effet un essai politique qui, en opérant par déplacement ou création d’une topographie plus ou moins imaginaire, se rattache à la double tradition des Lumières (les "Lettres Persanes" de Montesquieu, les contes de Voltaire) et de la philosophie politique anglaise (More et Hobbes). La fiction politique, ici, est située dans un contexte semi anticipé et localisée sur un territoire dont Tati est le stratège omnipotent et Hulot, sur le terrain de la capitale Tativille, son discret ambassadeur et agent trouble.

Échec commercial à sa sortie, éreinté par certains critiques comme Henry Chapier qui le qualifie de « navet monumental », il est considéré par beaucoup comme le chef-d'œuvre du cinéaste et même, pour certains (David Lynch par exemple), comme l'un des plus grands films de l'histoire. C'est un film ambitieux dans sa forme, dialogues secondaires, mouvements géométriques et circulaires millimétrés frôlant l'abstraction, jeux de reflets incessants, métaphores enchaînées.

Le film est un des rares films français à avoir été tourné en 70 mm. À ce sujet Tati s'explique ainsi dans le dossier de presse de l'époque : Si je tourne en super 8, je vais filmer une fenêtre, en 16 mm je vais en avoir quatre, en 35 mm je vais en avoir douze et en 70 mm, je vais avoir la façade d'Orly.

Ceci lui permet de montrer la démesure de l'architecture par rapport à l'homme. C'est aussi pour lui, un moyen de faire participer le spectateur, le 70mm permet d'ouvrir une fenêtre, une baie sur ce qui nous entoure, que les gens [...] se parlent carrément, se montrent les endroits, les objets : - Tiens regarde là, regarde... - Quoi ? - T'as vu, regarde là, y a un avion qui fond .

Tati s'était montré extrêmement perfectionniste au cours du tournage, au point d'épuiser parfois son équipe. Il avait fait reconstituer une ville moderne entière (« Tativille ») sur un terrain vague près des Studios de Joinville-le-Pont. Le tournage dura près de trois ans (octobre 1964 à octobre 1967). Plus tard, il voulut transformer ces décors en une école de cinéma, certains producteurs l'ayant sollicité pour y tourner d'autres films. Les autorités en charge des terrains et de Joinville ne lui laisseront pas l'occasion d'y rester, Tati sera chassé, et par dépit, il jettera le manuscrit de son scénario sous les décors au cours des opérations de démolition, lancées malgré la promesse d'André Malraux qu'ils pourraient être recyclés à d'autres usages.

Du fait de l'échec commercial (refus du marché américain de le distribuer en dépit de son Oscar pour Mon Oncle) et du coût énorme du film (entre 3 et 10 millions d'euros actuels selon le critique Stéphane Goudet), la société de production de Jacques Tati fit faillite et ce dernier fut un temps dépossédé de ses droits : il mettra près de dix ans à essayer de recouvrer son indépendance financière, mais la maladie le rattrapera.

Distribution[]

  • Jacques Tati : Monsieur Hulot
  • Barbara Dennek : la jeune étrangère
  • Jacqueline Lecomte : l'amie de l'étrangère
  • Valérie Camille : la secrétaire de M. Lacs
  • France Rumilly : la vendeuse de lunettes
  • Laure Paillette : première dame à la lampe
  • Colette Proust : deuxième dame à la lampe
  • Erica Dentzler : Mme Giffard
  • Yvette Ducreux : la demoiselle du vestiaire
  • Rita Maiden : la compagne de M. Schultz
  • Nicole Ray : la chanteuse

Fiche technique[]

  • Titre : Playtime
  • Réalisation : Jacques Tati
  • Scénario : Jacques Tati, avec la collaboration de Jacques Lagrange
  • Dialogues anglais : Art Buchwald
  • Image : Jean Badal]], Andréas Winding
  • Musique : Francis Lemarque, David Stein (thème Take my hand)
  • Montage : Gérard Pollicand
  • Pays d'origine : France, Italie
  • Directeur de production : Bernard Maurice
  • Sociétés de production : Specta Films (France), Jolly Films (Italie)
  • Durée : 126 minutes
  • Date de sortie : 16 décembre 1967 en France

Récompenses[]

  • 1968 : Grand prix de l'Académie du Cinéma, Paris
  • 1969 : Médaille d'Argent, Festival de Moscou
  • 1969 : Prix du Festival du film de Vienne
  • 1969 : Oscar du cinéma suédois, Stockholm


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Fichier:Playtime.jpg
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