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'''Zineb Sedira''' est une artiste française, née à [[Paris]] en [[1963]]
 
'''Zineb Sedira''' est une artiste française, née à [[Paris]] en [[1963]]
Ses deux parents migrent de la [[Kabylie]] vers [[Gennevilliers]] en 1961. Jusqu'en 1988, elle se rend en Algérie pour les vacances, puis n'y retourne qu'en 2002 après la guerre civile. Elle étudie à Londres et commence à travailler au Royaume-Uni.
 
   
 
Elle se consacre à la photographie, à la vidéo et réalise plusieurs installations. Ces différentes formes servent un propos sur la famille, la migration.
 
Elle se consacre à la photographie, à la vidéo et réalise plusieurs installations. Ces différentes formes servent un propos sur la famille, la migration.
   
 
=== Biographie et œuvre ===
 
=== Biographie et œuvre ===
 
   
 
Ses deux parents migrent de la Kabylie vers Gennevilliers en 1961. Jusqu'en 1988, elle se rend en Algérie pour les vacances, puis n'y retourne qu'en 2002 après la guerre civile. Elle étudie à Londres et commence à travailler au Royaume-Uni.
=== Expositions (sélection) ===
 
   
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Zineb Sedira se définit comme "Gardienne d'images" comme on dirait "gardienne de la mémoire". Il s'agit d'un travail sur la mémoire, sa conservation, sa transmission, mais aussi les altérations qui l'affectent, quand le temps passe, et les querelles dont elle est l'enjeu quand des façons opposées de se souvenir d'un même événement s'affrontent.
* 2015 : nominée pour le [[prix Marcel Duchamp]]
 
   
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La mémoire et l'histoire que Zineb Sedira a prises en charge sont de celles dont il est le plus difficile de parler en France : la [[guerre d'Algérie]] et l'immigration. L'artiste est née en France en 1963, fille d'un couple de militants de l'indépendance immigré en région parisienne. Dans Mother, Father and I, elle les interroge tous deux, séparément. Chacun raconte sa vie avec ces mots. Elle, méticuleuse, décrit douleurs, humiliations et angoisses dans sa maison et son quartier. Lui, tient un propos plus général, pas encore celui de l'historien, mais plus tout à fait celui d'un acteur, alors qu'il le fut. "C'est sans doute la différence entre les hommes et les femmes", admet l'artiste, ajoutant qu'il faut les deux versions et leur réunion, ce pourquoi les deux entretiens passent en parallèle et que, sur le mur d'en face, on voit l'artiste écouter et son visage changer. Le dispositif rend ainsi compte de la complexité de la notion de témoignage. Il en va ainsi de toute l'œuvre : jamais elle n'obéit à un point de vue unique, ni optique, ni intellectuel, ni sentimental.
* 2011 : Dazibao Prize, Le Mois de la Photo à Montréal, Canada.
 
 
* 2010 : Prix SAM, Paris.
 
   
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Pour ses vidéos Sephir et Middle Sea, Zineb Sedira emploie deux écrans. Le spectateur doit aller de l'un à l'autre et s'interroger sur les rapports ainsi créés entre deux images. Si l'une est d'une beauté plastique parfaite, l'autre rectifie en s'arrêtant sur un détail trivial. Si l'une amorce une narration, l'autre s'y refuse.
* 2004 : Decibel Award, Arts Council, London.
 
   
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Ce principe de la contradiction visuelle active s'applique aussi aux photographies, en diptyque ou en groupe. Quand Zineb Sedira se rend sur la côte de Mauritanie, ce n'est pas pour célébrer les couleurs admirables du désert et de l'océan, mais pour circuler entre des épaves dont des miséreux découpent la ferraille. Quand elle photographie la mer ou Alger, elle résiste à la tentation du paysage sublime. Et l'une de ses séries, consacrée aux ruines, se nomme Framing the View : question de cadrage, autrement dit.
* 2001 : Prix AfAA, Laureat 2001: IV Rencontres de la photographie africaine, Bamako 2001, Mali.
 
   
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Au Palais de Tokyo, deux vidéos passent ensemble, dont l'une en deux images couplées, noir et blanc à gauche, couleur à droite. Elles sont consacrées à Mohamed Kouaci (1922-1996), photographe de la guerre d'Algérie et de la première décennie d'indépendance. Il a accumulé des milliers de négatifs et de tirages, archives d'un intérêt immense. Mais qui n'intéressent personne en Algérie. Sa veuve Safia, vieille dame inquiète, les protège tout en se demandant comment les préserver après sa mort. L'ayant découverte fortuitement, grâce à une amie, Zineb Sedira a convaincu Safia Kouaci de répondre à ses questions sur sa vie et celle de son mari, leur engagement, le passage par la Tunisie où se trouvait le gouvernement provisoire, les reportages dans les maquis, puis la fête à Alger, la rivalité politique entre Ben Bella et Boumediene, les visites de Fidel Castro, Che Guevara ou Franz Fanon. Le contraste entre les images de Mohamed Kouaci, pleines de visages célèbres et de dates historiques, et la voix de Safia, assise dans son appartement algérois et racontant à voix basse, sans céder à l'emphase, en cherchant les mots justes, met là encore en évidence les mécanismes de formation du récit historique.
* 2000 : Westminster Arts Council, Film and Video Bursaries, London.
 
   
 
=== Expositions (sélection) ===
* 1999 : Artsadmin Artists Bursary, London & Artists film and video national fund, The Arts Council of England.
 
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*{{AfricaRemix}} ''Mother, father and I'', 2003 {{Vimeo|11649738}} et {{Vimeo|11650087}}
 
* 2010 : Prix SAM, Paris
 
* 2015 : nommée pour le [[prix Marcel Duchamp]]
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* 2017 : ''[[Tous, des sang-mêlés]]'', [[Mac/Val]]
   
 
=== Galerie ===
 
=== Galerie ===
 
[http://www.zinebsedira.com/ site de l'artiste]
 
[http://www.zinebsedira.com/ site de l'artiste]
 
 
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{{Imgcom|Sedira2.jpg}}<br /> ''Mother, Father and I'', 2003
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[[Catégorie:Naissance en 1963]]
 
[[Catégorie:Naissance en 1963]]
 
[[Catégorie:Plasticien contemporain français]]
 
[[Catégorie:Plasticien contemporain français]]

Dernière version du 23 octobre 2020 à 10:09

Zineb Sedira est une artiste française, née à Paris en 1963

Elle se consacre à la photographie, à la vidéo et réalise plusieurs installations. Ces différentes formes servent un propos sur la famille, la migration.

Biographie et œuvre[]

Ses deux parents migrent de la Kabylie vers Gennevilliers en 1961. Jusqu'en 1988, elle se rend en Algérie pour les vacances, puis n'y retourne qu'en 2002 après la guerre civile. Elle étudie à Londres et commence à travailler au Royaume-Uni.

Zineb Sedira se définit comme "Gardienne d'images" comme on dirait "gardienne de la mémoire". Il s'agit d'un travail sur la mémoire, sa conservation, sa transmission, mais aussi les altérations qui l'affectent, quand le temps passe, et les querelles dont elle est l'enjeu quand des façons opposées de se souvenir d'un même événement s'affrontent.

La mémoire et l'histoire que Zineb Sedira a prises en charge sont de celles dont il est le plus difficile de parler en France : la guerre d'Algérie et l'immigration. L'artiste est née en France en 1963, fille d'un couple de militants de l'indépendance immigré en région parisienne. Dans Mother, Father and I, elle les interroge tous deux, séparément. Chacun raconte sa vie avec ces mots. Elle, méticuleuse, décrit douleurs, humiliations et angoisses dans sa maison et son quartier. Lui, tient un propos plus général, pas encore celui de l'historien, mais plus tout à fait celui d'un acteur, alors qu'il le fut. "C'est sans doute la différence entre les hommes et les femmes", admet l'artiste, ajoutant qu'il faut les deux versions et leur réunion, ce pourquoi les deux entretiens passent en parallèle et que, sur le mur d'en face, on voit l'artiste écouter et son visage changer. Le dispositif rend ainsi compte de la complexité de la notion de témoignage. Il en va ainsi de toute l'œuvre : jamais elle n'obéit à un point de vue unique, ni optique, ni intellectuel, ni sentimental.

Pour ses vidéos Sephir et Middle Sea, Zineb Sedira emploie deux écrans. Le spectateur doit aller de l'un à l'autre et s'interroger sur les rapports ainsi créés entre deux images. Si l'une est d'une beauté plastique parfaite, l'autre rectifie en s'arrêtant sur un détail trivial. Si l'une amorce une narration, l'autre s'y refuse.

Ce principe de la contradiction visuelle active s'applique aussi aux photographies, en diptyque ou en groupe. Quand Zineb Sedira se rend sur la côte de Mauritanie, ce n'est pas pour célébrer les couleurs admirables du désert et de l'océan, mais pour circuler entre des épaves dont des miséreux découpent la ferraille. Quand elle photographie la mer ou Alger, elle résiste à la tentation du paysage sublime. Et l'une de ses séries, consacrée aux ruines, se nomme Framing the View : question de cadrage, autrement dit.

Au Palais de Tokyo, deux vidéos passent ensemble, dont l'une en deux images couplées, noir et blanc à gauche, couleur à droite. Elles sont consacrées à Mohamed Kouaci (1922-1996), photographe de la guerre d'Algérie et de la première décennie d'indépendance. Il a accumulé des milliers de négatifs et de tirages, archives d'un intérêt immense. Mais qui n'intéressent personne en Algérie. Sa veuve Safia, vieille dame inquiète, les protège tout en se demandant comment les préserver après sa mort. L'ayant découverte fortuitement, grâce à une amie, Zineb Sedira a convaincu Safia Kouaci de répondre à ses questions sur sa vie et celle de son mari, leur engagement, le passage par la Tunisie où se trouvait le gouvernement provisoire, les reportages dans les maquis, puis la fête à Alger, la rivalité politique entre Ben Bella et Boumediene, les visites de Fidel Castro, Che Guevara ou Franz Fanon. Le contraste entre les images de Mohamed Kouaci, pleines de visages célèbres et de dates historiques, et la voix de Safia, assise dans son appartement algérois et racontant à voix basse, sans céder à l'emphase, en cherchant les mots justes, met là encore en évidence les mécanismes de formation du récit historique.

Expositions (sélection)[]

Galerie[]

site de l'artiste

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Mother, Father and I, 2003


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Exposition Prix Marcel Duchamp, 2015